ISBN: 287706641X

Dans ce livre qui serre de près les textes des grands romans aussi bien que des oeuvres autobiographiques, l'auteur examine les thèmes stendhaliens de la liberté et de la recherche du moi… Plus…

Dans ce livre qui serre de près les textes des grands romans aussi bien que des oeuvres autobiographiques, l'auteur examine les thèmes stendhaliens de la liberté et de la recherche du moi. Grâce à une méthode souple et nuancée, qui évite tout jargon et tout dogmatisme, Victor Brombert aborde de façon neuve divers aspects intimement liés entre eux : la quête de la sincérité, la difficulté de se connaître soi-même, l'identité comme acte de création, l'importance du masque et du déguisement. En cours de route, ce livre sur Stendhal offre de nombreux aperçus sur le lien entre autobiographie et roman.L'auteur met en lumière les rapports complexes entre le romancier et ses personnages, aussi bien qu'entre le romancier et son lecteur. Il réussit à montrer comment les procédés narratifs et le ton de Stendhal - ton primesautier, irrévérencieux, elliptique, transformant le lecteur en complice - se trouvent à l'origine d'une ironie poétique qui protège, de façon souvent ambivalente, une sensibilité toujours inquiète. Cette ironie caractérise aussi la modernité de Stendhal, dans la mesure où le romancier, à l'encontre des grands romantiques, se méfiait de toute emphase, de toute grandiloquence, de toute inauthenticité. Et au-delà de la quête d'un moi authentique et d'une liberté très personnelle, Victor Brombert examine le grand thème de la prison heureuse qui permet à Stendhal, romantique à sa façon, de jouer avec les paradoxes de la liberté, c'est-à-dire de poser le rapport conflictuel entre la notion de liberté politique et le rêve de liberté privée.Victor Brombert, éminent stendhalien, est l'auteur de Stendhal et la voie oblique (PUF), de La Prison romantique (José Corti) et de nombreuses études sur Stendhal parues des deux côtés de l'Atlan­tique. Il nous donne maintenant Stendhal, roman et liberté, qui est sa propre version, en langue française, de son livre Stendhal : Fiction and the Themes of Freedom (Random House).Extrait du livre :L'APPRENTISSAGE DU ROMAN Stendhal publia son premier roman, Armance, en 1827, à l'âge de 44 ans. Il avait déjà livré au public une demi-douzaine d'ouvrages, mais rien ne laissait prévoir - du moins à première vue - que ce dilettante passionné d'art et de musique d'opéra, ce polémiste caustique, se mettrait à écrire des romans. Rien en fait n'aurait surpris davantage l'auteur de l'Histoire de la peinture en Italie et de Rome, Naples et Florence que la prédiction qu'il était destiné à devenir l'un des romanciers les plus originaux. Ce début un peu lent mérite quelques remarques.Dans les années qui suivirent son retour d'Italie en 1821 - il avait alors presque atteint la quarantaine - Stendhal était connu dans certains salons parisiens comme un homme d'esprit, un causeur sarcastique. Ceux qui l'avaient lu pouvaient apprécier ses sorties contre la notion de «beau idéal» à la Winckelmann, ses vues très personnelles sur l'opéra buffa, son libéralisme teint d'ironie, ses épigrammes. Quand parut Racine et Shakespeare en 1823, puis dans une deuxième édition en 1825, il s'imposa comme une des voix militantes du mouvement romantique, bien que sa façon d'envisager le grand débat littéraire de l'époque fût plutôt marquée par l'orientation libérale du romanticismo auquel adhéraient ses amis milanais. Ses alliés à Paris admiraient le mordant de sa parole et de sa plume. Ceux qu'il indisposait le considéraient comme un jacobin ou un cynique quelque peu bouffon. Mais ni ses amis ni ses détracteurs ne pouvaient deviner que l'incorrigible Monsieur Beyle possédait les dons et la vision d'un grand écrivain.Il est vrai que depuis ses jeunes années à Grenoble, Henri Beyle rêvait de gloire littéraire ; mais c'est au théâtre qu'il songeait. Écrire des comédies comme Molière, nous l'avons vu, était son ambition. Une fois arrivé à Paris, l'adolescent oublia vite l'intention déclarée à son père d'étudier les mathématiques et de se préparer pour l'École polytechnique. Il préféra fréquenter les salles de théâtre. Il y fut assidu, notant avec une égale concentration le déroulement de la pièce, le jeu des acteurs, les réactions du public, dans l'espoir que ses observations lui livreraient le secret du succès. Il se mit même à suivre les cours de déclamation et d'art dramatique du célèbre acteur Dugazon, en partie pour se débarrasser de son accent dauphinois, sans doute comptant aussi y rencontrer quelque jeune actrice pas trop farouche, mais surtout pour étudier de près la pratique et les effets de dramaturgie.Bien que Molière, Shakespeare et Alfieri fussent ses idoles et modèles, ses propres efforts de dramaturge n'aboutirent au total qu'à des ébauches, des fragments et des projets. Bientôt les fonctions administratives, la guerre, la vie d'exilé volontaire en Italie et les difficultés financières allaient éteindre son ardeur. Mais les rêves de gloire théâtrale ne s'évanouirent pas de sitôt. Stendhal mit du temps à se rendre compte qu'il faisait fausse route. Livre - Etude<

2007, ISBN: 9782877066419

Dans ce livre qui serre de près les textes des grands romans aussi bien que des oeuvres autobiographiques, l´auteur examine les thèmes stendhaliens de la liberté et de la recherche du moi… Plus…

Dans ce livre qui serre de près les textes des grands romans aussi bien que des oeuvres autobiographiques, l´auteur examine les thèmes stendhaliens de la liberté et de la recherche du moi. Grâce à une méthode souple et nuancée, qui évite tout jargon et tout dogmatisme, Victor Brombert aborde de façon neuve divers aspects intimement liés entre eux : la quête de la sincérité, la difficulté de se connaître soi-même, l´identité comme acte de création, l´importance du masque et du déguisement. En cours de route, ce livre sur Stendhal offre de nombreux aperçus sur le lien entre autobiographie et roman. L´auteur met en lumière les rapports complexes entre le romancier et ses personnages, aussi bien qu´entre le romancier et son lecteur. Il réussit à montrer comment les procédés narratifs et le ton de Stendhal - ton primesautier, irrévérencieux, elliptique, transformant le lecteur en complice - se trouvent à l´origine d´une ironie poétique qui protège, de façon souvent ambivalente, une sensibilité toujours inquiète. Cette ironie caractérise aussi la modernité de Stendhal, dans la mesure où le romancier, à l´encontre des grands romantiques, se méfiait de toute emphase, de toute grandiloquence, de toute inauthenticité. Et au-delà de la quête d´un moi authentique et d´une liberté très personnelle, Victor Brombert examine le grand thème de la prison heureuse qui permet à Stendhal, romantique à sa façon, de jouer avec les paradoxes de la liberté, c´est-à-dire de poser le rapport conflictuel entre la notion de liberté politique et le rêve de liberté privée. Victor Brombert, éminent stendhalien, est l´auteur de Stendhal et la voie oblique (PUF), de La Prison romantique (José Corti) et de nombreuses études sur Stendhal parues des deux côtés de l´Atlan­tique. Il nous donne maintenant Stendhal, roman et liberté, qui est sa propre version, en langue française, de son livre Stendhal : Fiction and the Themes of Freedom (Random House). Extrait du livre : L´APPRENTISSAGE DU ROMAN Stendhal publia son premier roman, Armance, en 1827, à l´âge de 44 ans. Il avait déjà livré au public une demi-douzaine d´ouvrages, mais rien ne laissait prévoir - du moins à première vue - que ce dilettante passionné d´art et de musique d´opéra, ce polémiste caustique, se mettrait à écrire des romans. Rien en fait n´aurait surpris davantage l´auteur de l´Histoire de la peinture en Italie et de Rome, Naples et Florence que la prédiction qu´il était destiné à devenir l´un des romanciers les plus originaux. Ce début un peu lent mérite quelques remarques. Dans les années qui suivirent son retour d´Italie en 1821 - il avait alors presque atteint la quarantaine - Stendhal était connu dans certains salons parisiens comme un homme d´esprit, un causeur sarcastique. Ceux qui l´avaient lu pouvaient apprécier ses sorties contre la notion de «beau idéal» à la Winckelmann, ses vues très personnelles sur l´opéra buffa, son libéralisme teint d´ironie, ses épigrammes. Quand parut Racine et Shakespeare en 1823, puis dans une deuxième édition en 1825, il s´imposa comme une des voix militantes du mouvement romantique, bien que sa façon d´envisager le grand débat littéraire de l´époque fût plutôt marquée par l´orientation libérale du romanticismo auquel adhéraient ses amis milanais. Ses alliés à Paris admiraient le mordant de sa parole et de sa plume. Ceux qu´il indisposait le considéraient comme un jacobin ou un cynique quelque peu bouffon. Mais ni ses amis ni ses détracteurs ne pouvaient deviner que l´incorrigible Monsieur Beyle possédait les dons et la vision d´un grand écrivain. Il est vrai que depuis ses jeunes années à Grenoble, Henri Beyle rêvait de gloire littéraire ; mais c´est au théâtre qu´il songeait. Écrire des comédies comme Molière, nous l´avons vu, était son ambition. Une fois arrivé à Paris, l´adolescent oublia vite l´intention déclarée à son père d´étudier les mathématiques et de se préparer pour l´École polytechnique. Il préféra fréquenter les salles de théâtre. Il y fut assidu, notant avec une égale concentration le déroulement de la pièce, le jeu des acteurs, les réactions du public, dans l´espoir que ses observations lui livreraient le secret du succès. Il se mit même à suivre les cours de déclamation et d´art dramatique du célèbre acteur Dugazon, en partie pour se débarrasser de son accent dauphinois, sans doute comptant aussi y rencontrer quelque jeune actrice pas trop farouche, mais surtout pour étudier de près la pratique et les effets de dramaturgie. Bien Victor Henri Brombert (Auteur) - Paru le 14/11/2007 chez De Fallois Eds Livre > Etude, De Fallois Eds<