

2022, ISBN: 9782365123891
Ce livre est une version actualisée, augmentée et remaniée, de l’ouvrage publié en 2016 aux éditions du Croquant1. Cette initiative était une conséquence de l’inquiétude suscitée par l’as… Plus…
Ce livre est une version actualisée, augmentée et remaniée, de l’ouvrage publié en 2016 aux éditions du Croquant1. Cette initiative était une conséquence de l’inquiétude suscitée par l’ascension du Front National (FN), non seulement chez les militants et les intellectuels « de gauche », mais aussi chez les chercheurs en sciences sociales. Les résultats des élections présidentielles et législatives de 2022 n’ont fait que la renforcer : d’où cette réédition actualisée et complétée par de nouvelles enquêtes. Mais cette nouvelle version ne vise pas tant (en tout cas pas seulement) à alerter qu’à tenter de rendre compte sociologiquement de l’essor du RN (Rassemblement National) avec la conviction qu’une meilleure connaissance du phénomène peut aider à en déjouer les mécanismes. Une ascension inexorable ? Rompant avec une « neutralité axiologique » souvent revendiquée, mais sans doute plus stratégiquement « opportune » qu’épistémologiquement fondée2, cette inquiétude doit évidemment quelque chose à la progression électorale du FN. Elle peut, en effet, sembler inexorable depuis le début des années 1980. Lors des élections législatives de mai 1981 consécutives à l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le score du FN était encore, en effet, celui d’un groupuscule : 0,18 %. Mais, aux élections régionales de 2015, le FN obtenait 6,8 millions de voix au second tour, soit 30 % des suffrages et arrivait en tête au premier tour dans la moitié des régions et dans plus de la moitié des communes. En 2017, Emmanuel Macron obtenait deux fois plus de votes que Marine Le Pen. En 2022, l’écart s’est réduit à 16% des votants. Au deuxième tour des élections législatives de 2022, le RN obtenait, à la surprise générale, 89 députés, trois fois plus qu’en 1986, un véritable « tsunami » selon Jordan Bardella, alors président par intérim du RN. Il consolidait, en effet, son implantation dans l’ancienne France industrielle du Nord et du Nord-Est et dans la France du Sud-Est jusqu’aux Pyrénées orientales et il étendait son ancrage territorial. Avec ses 89 députés crédités d’une « image rassurante » (56 hommes, 33 femmes, 46 ans en moyenne, 42 titulaires de mandats électifs, 44 cadres et professions intellectuelles supérieures) et deux vice-présidences à l’Assemblée nationale, le RN, qui refuse désormais d’être classé « à l’extrême-droite », accélère sa « normalisation » et consolide sa « respectabilité »3. Un parti d’extrême-droite ? L’inquiétude suscitée par cette ascension est inséparable de l’hystérésis d’une représentation du FN. En mai 1981, son label « d’extrême droite » n’était guère discutable. Le FN de Jean-Marie Le Pen, antisémite, sinon négationniste, raciste et hostile à la démocratie, se recrutait chez d’anciens pétainistes, miliciens retraités, collaborateurs et vétérans de la Légion des Volontaires Français, chez des anciens de l’OAS et leurs sympathisants, chez des catholiques traditionnalistes4. L’inquiétude persistante suppose donc que le RN d’aujourd’hui n’est au fond pas très différent du FN d’hier. Mais cette pérennité de la représentation pose le problème de la « normalisation » du FN. Outre que l’actuelle direction du RN a travaillé à sa « dédiabolisation », les partis de droite « classique » (l’UMP puis LR), en reprenant à leur compte des thèmes de prédilection du FN comme « l’immigration », « l’assistanat » ou « l’insécurité », ont objectivement contribué à leur « banalisation » et, ce faisant, à celle du RN. Par ailleurs, la campagne d’Éric Zemmour pour les élections présidentielles de 2022 a contribué à la « dédiabolisation » du RN en permettant son « recentrage »5. Mais, à l’inverse, les « partis de gouvernement » (du Parti Socialiste - PS - à La République En Marche - LREM), dont « l’épouvantail Le Pen » est devenu l’ultime argument électoral (« faire barrage au RN »), soulignent, non sans quelques arguments, la continuité entre le RN et le groupuscule d’extrême-droite des années 19706. La question du classement politique du RN se pose d’autant plus que l’invention d’un nouveau label politique - le « populisme » - plus proche, selon Annie Collovald, d’une nouvelle « insulte politique » ou d’une « injure polie »7 que d’un concept, permet d’assimiler La France Insoumise (LFI) au RN et de disqualifier LFI par « contagion » (« le danger populiste »). En fait, Daniel Gaxie montre que le programme du RN est caractérisé par ses ambiguïtés, sinon ses incohérences8. Ils constituent autant d’atouts pour un « catch large party » où peuvent se reconnaître à la fois des militants d’extrême-droite (« faute de mieux »), des catholiques traditionnalistes (« pour défendre la famille »), des « rapatriés d’Algérie » (« pour endiguer l’immigration »), des professionnels du maintien de l’ordre (« pour lutter contre la délinquance »), des indépendants de toutes sortes (« contre la fiscalité et les charges ») et diverses fractions des classes populaires (« des fâchés pas fachos », dont on s’efforcera ici d’élucider « les raisons »). Dans cette perspective, il faudrait prolonger l’enquête en analysant le RN comme « un champ » (où s’affrontent diverses tendances), lui-même pris dans un « champ politique » où chaque parti doit se démarquer de ses concurrents pour conquérir « le monopole de l’usage légitime des ressources politiques objectivées (droit, finances publiques, armée, police, justice, etc.) »9. À l’issue des élections de 2022, le RN est l’un des quatre pôles d’un champ politique structuré par quatre blocs à peu près équivalents : en substance et dans l’ordre, celui d’Emmanuel Macron, celui de l’abstention, celui de Marine le Pen et celui de Jean-Luc Mélenchon10. Le RN y apparaît, selon Daniel Gaxie, comme « un parti marginal, reconnu et stigmatisé » ou « un parti marginal ascendant »11. Mais l’abstention reste le premier « parti » de France12, obérant, scrutin après scrutin, la légitimité des élus. En dépit des appels de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale), 67 % des ouvriers et 64 % de ceux dont le revenu mensuel est inférieur à 1250 euros se sont abstenus (IPSOS). La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) cumule 142 députés, ébauchant ainsi la renaissance d’une « gauche de gauche » dans l’espace politique laissé vacant par la décomposition de « la gauche PS-PC », mais sans pour autant reconquérir l’adhésion des classes populaires13 à l’exception des banlieues des grandes villes. Au deuxième tour des élections législatives, la remobilisation espérée des abstentionnistes n’a pas eu lieu, l’abstention - 53,77 % - a même progressé par rapport au premier tour14. Un parti populaire ? Le désarroi provoqué par la progression électorale du RN est également lié aux questions que posent à la fois cette extension de l’abstentionnisme des classes populaires et celle des votes populaires en faveur du RN. Jusqu’à une date récente, l’abstention était restée un phénomène relativement secondaire (autour de 20 % des inscrits) et, de ce fait, peu étudié. En avril 1848, alors que la population était encore pour moitié analphabète, la participation à l’élection de l’Assemblée constituante (au suffrage universel masculin) atteignait 83,6 % des inscrits. Et lors des élections de mai 1936, où le Front populaire l’avait emporté, le taux d’abstention était l’un des plus faibles de toute l’histoire des élections législatives : 15,6 %. De nouveaux records de participation sont atteints au cours des années 1970 où la gauche dispute le pouvoir à la droite : l’élection présidentielle de 1974 où s’affrontent François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing mobilise près de 9 électeurs sur dix (87,3 %) et, lors du second tour des élections législatives de 1978, 84,9 % des électeurs inscrits se rendent aux urnes. Mais, à partir de la deuxième moitié des années 1980, l’abstention s’envole : au deuxième tour des élections législatives de 2007, près de quatre inscrits sur dix s’abstiennent. Aux élections européennes de 2014, on compte 56 % d’abstentions, 50 % aux élections régionales et départementales de 2015, 25 % d’abstentions au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017, 52 % d’abstentions au premier tour des élections législatives de 2017. Ce désintérêt voire cette aversion à l’égard de la vie politique15 revêtent différentes formes : non-inscription, mal inscription, abstention, inégalités croissantes de politisation, votes sans conviction, etc.16 De sorte qu’une « démocratie de l’abstention »17 semble s’être mise en place où c’est l’inégale distribution du vote et de la non-inscription (massivement populaires) qui met en évidence la persistance des clivages de classe18. Comment rendre compte, par ailleurs, de l’essor du vote RN dans les anciens bastions ouvriers du Nord et de l’Est désindustrialisés ou dans « le Midi rouge »Â ? Si nul ne s’étonne de voir un petit commerçant (supposé « naturellement poujadiste ») ou un bourgeois catholique traditionnaliste voter FN, le vote populaire en faveur du RN interpelle à la fois « ceux pour qui le peuple est une cause à défendre »19, ceux qui tendent à « accorder au peuple la connaissance infuse de la politique »20 et, plus encore, sans doute, ceux qui persistent à croire à la vision messianiste de la « classe ouvrière ». Le vote populaire en faveur du RN les confronte à un paradoxe du même genre que celui qu’a étudié Thomas Frank aux États-Unis : Pourquoi les pauvres votent à droite ?21. La déconvenue et la perplexité sont d’autant plus grandes que ce vote populaire en faveur du RN semble valider le point de vue de « ceux pour qui le peuple est un problème à résoudre »22 et consolider le « racisme de classe » de ceux qui assimilent les ressortissants des classes populaires à des « beaufs » machistes et homophobes, racistes et xénophobes, etc.23 La controverse suscitée par le vote populaire en faveur du RN réactive l’alternative classique entre « misérabilisme » et « populisme »24, deux formes de l’ethnocentrisme des classes dominantes25. Seule l’enquête peut dénouer ce genre de controverse en tentant à la fois de cerner l’ampleur, la distribution et l’évolution du vote populaire en faveur du RN, d’en comprendre « les raisons » socialement diversifiées et d’en élucider « les causes », c’est-à-dire de rendre compte de l’ancrage - socialement différencié - de ces diverses « raisons » de voter FN. Objectiver le vote populaire en faveur du RN Mais comment cerner l’ampleur, la distribution et l’évolution du vote populaire en faveur du RN ? Toute tentative de mesure est confrontée à la difficulté d’étudier les rapports entre deux entités mal définies. Dans la mesure, d’une part, où le RN est un « parti attrape-tout », cerner « ce qu’est le RN » au regard de ceux qui votent en sa faveur - « un conglomérat » plutôt qu’un « électorat »26 - est un objet d’enquête. La question renvoie ainsi à l’inventaire des « raisons » de voter RN. Dans la mesure, d’autre part, où « le populaire » n’est plus ce qu’il était encore dans les années 1970, délimiter les contours des classes populaires dans la société française contemporaine rencontre également de nombreuses difficultés27. « La classe ouvrière » a subi une véritable éclipse consécutive à la fois à la désindustrialisation massive, à l’affaiblissement intellectuel et politique du marxisme, à l’effondrement du socialisme « réellement existant », à la débâcle électorale du PCF (« le parti de la classe ouvrière ») et au déclin de la CGT28. Mais si la vision d’un espace social divisé en classes antagonistes s’est progressivement défaite, on peut, néanmoins, mettre en évidence des critères qui justifient le regroupement des ouvriers et des employées au sein des « classes populaires ». Ce label démarque le groupe ainsi constitué des autres groupes sociaux : petitesse du statut professionnel ou social, étroitesse des ressources économiques, éloignement par rapport au capital culturel29.  Certes, ces classes populaires ne sont pas ce que la classe ouvrière n’a jamais été ailleurs que dans l’imagination des intellectuels. Mais, ouvriers et employées (il s’agit de femmes pour 80 % de l’effectif) représentent plus de la moitié de la population active. Relativement cohérentes, ces classes populaires sont néanmoins traversées par de nombreux clivages à commencer par celui entre « established » et « outsiders »30 que creusent l’effritement de la condition salariale, l’extension du chômage de masse, de la précarisation et de l’insécurité sociale qui en résultent31. Force est alors de supposer que les différentes composantes des classes populaires n’ont ni les mêmes raisons de s’abstenir, ni les mêmes représentations du RN, ni les mêmes raisons de voter en sa faveur. Ainsi peut-on comprendre le caractère rudimentaire de données statistiques fondées sur la distinction entre « CSP + » et « CSP - » ou, dans le meilleur des cas, celle entre ouvriers et employées, pour tenter d’objectiver le vote populaire en faveur du RN. En l’état des données disponibles, Patrick Lehingue avait montré en 2016, que, même si les votes d’ouvriers et employées représentaient plus de la moitié des suffrages obtenus par le FN, ce vote FN ne concernait qu’un ouvrier sur sept et que c’était l’abstention - et de très loin - qui était alors le « premier parti ouvrier »32. Outre le progrès spectaculaire du RN aux élections présidentielles, les élections de 2022 montrent que le vote populaire exprimé en faveur du RN se situe entre un peu moins d’un tiers et un peu plus d’un quart des votants de la catégorie et mettent en évidence un ancrage du RN dans les fractions les plus démunies (scolairement et économiquement) des classes populaires33. Quant aux « raisons » de voter RN dans les classes populaires (sans grande compétence ni intérêt politique), on peut supposer que le RN est parvenu à inculquer, outre l’hostilité à des partis politiques interchangeables (« l’UMPS »), une vision du monde qui oppose les « nationaux » aux « étrangers ». Ce clivage « ethno-racial » occulte ainsi les divisions internes au groupe national (la lutte de classes) et fait de « l’immigration » la source de tous les maux (le chômage, la délinquance, le terrorisme) et des immigrés, de « mauvais pauvres » associés à la délinquance et à l’assistance. « Ce que voter RN veut dire » Pour tenter de cerner plus précisément « ce que voter RN veut dire » dans les classes populaires, il faut rompre d’abord avec la convention du sens commun savant qui voudrait qu, CROQUANT<
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2022, ISBN: 9782365123891
Ce livre est une version actualisée, augmentée et remaniée, de l’ouvrage publié en 2016 aux éditions du Croquant1. Cette initiative était une conséquence de l’inquiétude suscitée par l’as… Plus…
Ce livre est une version actualisée, augmentée et remaniée, de l’ouvrage publié en 2016 aux éditions du Croquant1. Cette initiative était une conséquence de l’inquiétude suscitée par l’ascension du Front National (FN), non seulement chez les militants et les intellectuels « de gauche », mais aussi chez les chercheurs en sciences sociales. Les résultats des élections présidentielles et législatives de 2022 n’ont fait que la renforcer : d’où cette réédition actualisée et complétée par de nouvelles enquêtes. Mais cette nouvelle version ne vise pas tant (en tout cas pas seulement) à alerter qu’à tenter de rendre compte sociologiquement de l’essor du RN (Rassemblement National) avec la conviction qu’une meilleure connaissance du phénomène peut aider à en déjouer les mécanismes. Une ascension inexorable ? Rompant avec une « neutralité axiologique » souvent revendiquée, mais sans doute plus stratégiquement « opportune » qu’épistémologiquement fondée2, cette inquiétude doit évidemment quelque chose à la progression électorale du FN. Elle peut, en effet, sembler inexorable depuis le début des années 1980. Lors des élections législatives de mai 1981 consécutives à l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le score du FN était encore, en effet, celui d’un groupuscule : 0,18 %. Mais, aux élections régionales de 2015, le FN obtenait 6,8 millions de voix au second tour, soit 30 % des suffrages et arrivait en tête au premier tour dans la moitié des régions et dans plus de la moitié des communes. En 2017, Emmanuel Macron obtenait deux fois plus de votes que Marine Le Pen. En 2022, l’écart s’est réduit à 16% des votants. Au deuxième tour des élections législatives de 2022, le RN obtenait, à la surprise générale, 89 députés, trois fois plus qu’en 1986, un véritable « tsunami » selon Jordan Bardella, alors président par intérim du RN. Il consolidait, en effet, son implantation dans l’ancienne France industrielle du Nord et du Nord-Est et dans la France du Sud-Est jusqu’aux Pyrénées orientales et il étendait son ancrage territorial. Avec ses 89 députés crédités d’une « image rassurante » (56 hommes, 33 femmes, 46 ans en moyenne, 42 titulaires de mandats électifs, 44 cadres et professions intellectuelles supérieures) et deux vice-présidences à l’Assemblée nationale, le RN, qui refuse désormais d’être classé « à l’extrême-droite », accélère sa « normalisation » et consolide sa « respectabilité »3. Un parti d’extrême-droite ? L’inquiétude suscitée par cette ascension est inséparable de l’hystérésis d’une représentation du FN. En mai 1981, son label « d’extrême droite » n’était guère discutable. Le FN de Jean-Marie Le Pen, antisémite, sinon négationniste, raciste et hostile à la démocratie, se recrutait chez d’anciens pétainistes, miliciens retraités, collaborateurs et vétérans de la Légion des Volontaires Français, chez des anciens de l’OAS et leurs sympathisants, chez des catholiques traditionnalistes4. L’inquiétude persistante suppose donc que le RN d’aujourd’hui n’est au fond pas très différent du FN d’hier. Mais cette pérennité de la représentation pose le problème de la « normalisation » du FN. Outre que l’actuelle direction du RN a travaillé à sa « dédiabolisation », les partis de droite « classique » (l’UMP puis LR), en reprenant à leur compte des thèmes de prédilection du FN comme « l’immigration », « l’assistanat » ou « l’insécurité », ont objectivement contribué à leur « banalisation » et, ce faisant, à celle du RN. Par ailleurs, la campagne d’Éric Zemmour pour les élections présidentielles de 2022 a contribué à la « dédiabolisation » du RN en permettant son « recentrage »5. Mais, à l’inverse, les « partis de gouvernement » (du Parti Socialiste - PS - à La République En Marche - LREM), dont « l’épouvantail Le Pen » est devenu l’ultime argument électoral (« faire barrage au RN »), soulignent, non sans quelques arguments, la continuité entre le RN et le groupuscule d’extrême-droite des années 19706. La question du classement politique du RN se pose d’autant plus que l’invention d’un nouveau label politique - le « populisme » - plus proche, selon Annie Collovald, d’une nouvelle « insulte politique » ou d’une « injure polie »7 que d’un concept, permet d’assimiler La France Insoumise (LFI) au RN et de disqualifier LFI par « contagion » (« le danger populiste »). En fait, Daniel Gaxie montre que le programme du RN est caractérisé par ses ambiguïtés, sinon ses incohérences8. Ils constituent autant d’atouts pour un « catch large party » où peuvent se reconnaître à la fois des militants d’extrême-droite (« faute de mieux »), des catholiques traditionnalistes (« pour défendre la famille »), des « rapatriés d’Algérie » (« pour endiguer l’immigration »), des professionnels du maintien de l’ordre (« pour lutter contre la délinquance »), des indépendants de toutes sortes (« contre la fiscalité et les charges ») et diverses fractions des classes populaires (« des fâchés pas fachos », dont on s’efforcera ici d’élucider « les raisons »). Dans cette perspective, il faudrait prolonger l’enquête en analysant le RN comme « un champ » (où s’affrontent diverses tendances), lui-même pris dans un « champ politique » où chaque parti doit se démarquer de ses concurrents pour conquérir « le monopole de l’usage légitime des ressources politiques objectivées (droit, finances publiques, armée, police, justice, etc.) »9. À l’issue des élections de 2022, le RN est l’un des quatre pôles d’un champ politique structuré par quatre blocs à peu près équivalents : en substance et dans l’ordre, celui d’Emmanuel Macron, celui de l’abstention, celui de Marine le Pen et celui de Jean-Luc Mélenchon10. Le RN y apparaît, selon Daniel Gaxie, comme « un parti marginal, reconnu et stigmatisé » ou « un parti marginal ascendant »11. Mais l’abstention reste le premier « parti » de France12, obérant, scrutin après scrutin, la légitimité des élus. En dépit des appels de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale), 67 % des ouvriers et 64 % de ceux dont le revenu mensuel est inférieur à 1250 euros se sont abstenus (IPSOS). La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) cumule 142 députés, ébauchant ainsi la renaissance d’une « gauche de gauche » dans l’espace politique laissé vacant par la décomposition de « la gauche PS-PC », mais sans pour autant reconquérir l’adhésion des classes populaires13 à l’exception des banlieues des grandes villes. Au deuxième tour des élections législatives, la remobilisation espérée des abstentionnistes n’a pas eu lieu, l’abstention - 53,77 % - a même progressé par rapport au premier tour14. Un parti populaire ? Le désarroi provoqué par la progression électorale du RN est également lié aux questions que posent à la fois cette extension de l’abstentionnisme des classes populaires et celle des votes populaires en faveur du RN. Jusqu’à une date récente, l’abstention était restée un phénomène relativement secondaire (autour de 20 % des inscrits) et, de ce fait, peu étudié. En avril 1848, alors que la population était encore pour moitié analphabète, la participation à l’élection de l’Assemblée constituante (au suffrage universel masculin) atteignait 83,6 % des inscrits. Et lors des élections de mai 1936, où le Front populaire l’avait emporté, le taux d’abstention était l’un des plus faibles de toute l’histoire des élections législatives : 15,6 %. De nouveaux records de participation sont atteints au cours des années 1970 où la gauche dispute le pouvoir à la droite : l’élection présidentielle de 1974 où s’affrontent François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing mobilise près de 9 électeurs sur dix (87,3 %) et, lors du second tour des élections législatives de 1978, 84,9 % des électeurs inscrits se rendent aux urnes. Mais, à partir de la deuxième moitié des années 1980, l’abstention s’envole : au deuxième tour des élections législatives de 2007, près de quatre inscrits sur dix s’abstiennent. Aux élections européennes de 2014, on compte 56 % d’abstentions, 50 % aux élections régionales et départementales de 2015, 25 % d’abstentions au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017, 52 % d’abstentions au premier tour des élections législatives de 2017. Ce désintérêt voire cette aversion à l’égard de la vie politique15 revêtent différentes formes : non-inscription, mal inscription, abstention, inégalités croissantes de politisation, votes sans conviction, etc.16 De sorte qu’une « démocratie de l’abstention »17 semble s’être mise en place où c’est l’inégale distribution du vote et de la non-inscription (massivement populaires) qui met en évidence la persistance des clivages de classe18. Comment rendre compte, par ailleurs, de l’essor du vote RN dans les anciens bastions ouvriers du Nord et de l’Est désindustrialisés ou dans « le Midi rouge »Â ? Si nul ne s’étonne de voir un petit commerçant (supposé « naturellement poujadiste ») ou un bourgeois catholique traditionnaliste voter FN, le vote populaire en faveur du RN interpelle à la fois « ceux pour qui le peuple est une cause à défendre »19, ceux qui tendent à « accorder au peuple la connaissance infuse de la politique »20 et, plus encore, sans doute, ceux qui persistent à croire à la vision messianiste de la « classe ouvrière ». Le vote populaire en faveur du RN les confronte à un paradoxe du même genre que celui qu’a étudié Thomas Frank aux États-Unis : Pourquoi les pauvres votent à droite ?21. La déconvenue et la perplexité sont d’autant plus grandes que ce vote populaire en faveur du RN semble valider le point de vue de « ceux pour qui le peuple est un problème à résoudre »22 et consolider le « racisme de classe » de ceux qui assimilent les ressortissants des classes populaires à des « beaufs » machistes et homophobes, racistes et xénophobes, etc.23 La controverse suscitée par le vote populaire en faveur du RN réactive l’alternative classique entre « misérabilisme » et « populisme »24, deux formes de l’ethnocentrisme des classes dominantes25. Seule l’enquête peut dénouer ce genre de controverse en tentant à la fois de cerner l’ampleur, la distribution et l’évolution du vote populaire en faveur du RN, d’en comprendre « les raisons » socialement diversifiées et d’en élucider « les causes », c’est-à-dire de rendre compte de l’ancrage - socialement différencié - de ces diverses « raisons » de voter FN. Objectiver le vote populaire en faveur du RN Mais comment cerner l’ampleur, la distribution et l’évolution du vote populaire en faveur du RN ? Toute tentative de mesure est confrontée à la difficulté d’étudier les rapports entre deux entités mal définies. Dans la mesure, d’une part, où le RN est un « parti attrape-tout », cerner « ce qu’est le RN » au regard de ceux qui votent en sa faveur - « un conglomérat » plutôt qu’un « électorat »26 - est un objet d’enquête. La question renvoie ainsi à l’inventaire des « raisons » de voter RN. Dans la mesure, d’autre part, où « le populaire » n’est plus ce qu’il était encore dans les années 1970, délimiter les contours des classes populaires dans la société française contemporaine rencontre également de nombreuses difficultés27. « La classe ouvrière » a subi une véritable éclipse consécutive à la fois à la désindustrialisation massive, à l’affaiblissement intellectuel et politique du marxisme, à l’effondrement du socialisme « réellement existant », à la débâcle électorale du PCF (« le parti de la classe ouvrière ») et au déclin de la CGT28. Mais si la vision d’un espace social divisé en classes antagonistes s’est progressivement défaite, on peut, néanmoins, mettre en évidence des critères qui justifient le regroupement des ouvriers et des employées au sein des « classes populaires ». Ce label démarque le groupe ainsi constitué des autres groupes sociaux : petitesse du statut professionnel ou social, étroitesse des ressources économiques, éloignement par rapport au capital culturel29.  Certes, ces classes populaires ne sont pas ce que la classe ouvrière n’a jamais été ailleurs que dans l’imagination des intellectuels. Mais, ouvriers et employées (il s’agit de femmes pour 80 % de l’effectif) représentent plus de la moitié de la population active. Relativement cohérentes, ces classes populaires sont néanmoins traversées par de nombreux clivages à commencer par celui entre « established » et « outsiders »30 que creusent l’effritement de la condition salariale, l’extension du chômage de masse, de la précarisation et de l’insécurité sociale qui en résultent31. Force est alors de supposer que les différentes composantes des classes populaires n’ont ni les mêmes raisons de s’abstenir, ni les mêmes représentations du RN, ni les mêmes raisons de voter en sa faveur. Ainsi peut-on comprendre le caractère rudimentaire de données statistiques fondées sur la distinction entre « CSP + » et « CSP - » ou, dans le meilleur des cas, celle entre ouvriers et employées, pour tenter d’objectiver le vote populaire en faveur du RN. En l’état des données disponibles, Patrick Lehingue avait montré en 2016, que, même si les votes d’ouvriers et employées représentaient plus de la moitié des suffrages obtenus par le FN, ce vote FN ne concernait qu’un ouvrier sur sept et que c’était l’abstention - et de très loin - qui était alors le « premier parti ouvrier »32. Outre le progrès spectaculaire du RN aux élections présidentielles, les élections de 2022 montrent que le vote populaire exprimé en faveur du RN se situe entre un peu moins d’un tiers et un peu plus d’un quart des votants de la catégorie et mettent en évidence un ancrage du RN dans les fractions les plus démunies (scolairement et économiquement) des classes populaires33. Quant aux « raisons » de voter RN dans les classes populaires (sans grande compétence ni intérêt politique), on peut supposer que le RN est parvenu à inculquer, outre l’hostilité à des partis politiques interchangeables (« l’UMPS »), une vision du monde qui oppose les « nationaux » aux « étrangers ». Ce clivage « ethno-racial » occulte ainsi les divisions internes au groupe national (la lutte de classes) et fait de « l’immigration » la source de tous les maux (le chômage, la délinquance, le terrorisme) et des immigrés, de « mauvais pauvres » associés à la délinquance et à l’assistance. « Ce que voter RN veut dire » Pour tenter de cerner plus précisément « ce que voter RN veut dire » dans les classes populaires, il faut rompre d’abord avec la convention du sens commun savant, CROQUANT<
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ISBN: 9782365123891
Économisez tout en achetant durable !, D'occasion ? bon/ second hand ? good. Il peut s'agir, le cas échéant, d'un exemplaire défectueux mais en bon état. Veuillez vous référer au point d?… Plus…
Économisez tout en achetant durable !, D'occasion ? bon/ second hand ? good. Il peut s'agir, le cas échéant, d'un exemplaire défectueux mais en bon état. Veuillez vous référer au point d?information sur le droit de rétractation dans nos CGV. Articles d?occasion contrôlés / Certified second hand articles Plus de 4 millions d?articles sur le site en ligne / More than 4 mio. articles in shop Achetez de manière simple, sûre et durable / Easy, safe and sustainable shopping Pourquoi tant de votes RN dans les classes populaires de Mauger, Gérard | Livre | état bon État / condition: d'occasion ? bon / second hand ? good Éditeur / publisher: Gérard Mauger Médium / medium: Taschenbuch Code-barres EAN / EAN: 9782365123891 Adresse d'expédition : Après paiement, plus de modification possible Expédition : Vers la France Delivery address: Change after payment is not possible. Shipping: To France Livres Fiction Livre jeunesse Roman policier & thriller ... et plus encore Musique Pop Rock Chansons enfantine & jeux musicaux ... et plus encore Films Drame Action & aventure Comédie & divertissement ... et plus encore Jeux vidéo PlayStation 3 Nintendo DS PC ... et plus encore Logiciel Enfant & famille Système d'exploitation Scolaire & études ... et plus encore Description de l?état Nous essayons de juger de l?état du produit de manière aussi objective que possible. Nous contrôlons chaque article à la main avant de le proposer à la vente et estimons son état en fonction des critères suivants. Si vous veniez à constater des différences par rapport à l?état indiqué, nous vous serions très reconnaissants de nous contacter avant de laisser une évaluation. Livres et médias: Neuf: Article jamais utilisé, en parfait état Comme Neuf: Article d'occasion en parfait état L'article ne présente aucun signe d'usure L'article n'est pas endommagé et ne porte pas de marques ou de notes Très bon: Article presque inutilisé, absence presque totale de traces d'utilisation Absence presque totale de pliures sur le dos / la jaquette des livres Pas de rayures, ou uniquement des rayures légères, sur les CD/DVD Bon: L'article présente des traces d'utilisation, mais est en bon état La présence de pliures ou de traces de lecture est possible La jaquette peut éventuellement manquer Il peut s'agir, le cas échéant, d'un exemplaire défectueux mais en bon état La présence de dédicaces, de quelques marquages de texte ou de petits marquages est possible Les CD/DVD peuvent présenter des rayures, mais ils doivent fonctionner correctement Acceptable: L'article présente des traces nettement perceptibles d'utilisation L'article doit fonctionner correctement Présence possible de notes, de marquages et de soulignements Les éléments joints à l'article montrent des traces d'utilisation ou sont manquants (p. ex. jaquette, couverture, livret, housse, boîte, instructions) Éditions (pour les livres) Dans certains cas isolés, il peut arriver qu?un livre soit livré dans une édition différente de celle indiquée. Si cela devait arriver, veuillez nous contacter avant de laisser une évaluation afin que nous puissions éventuellement trouver une solution. Questions fréquemment posées Frais d'expédition & délais de livraison Quelles sont les différentes options d?expédition ? Quel que soit le nombre d?articles achetés chez nous, les informations suivantes sont valables pour une expédition nationale. Les articles commandés sont uniquement envoyés par voie postale. Les frais d?expédition dépendent du nombre d?article. Le délai de livraison pour un envoi de marchandises / de livres est de 5 à 8 jours ouvrables, et peut exceptionnellement aller jusqu?à 20 jours ouvrables. Veuillez noter qu?il n?est pas possible de récupérer soi-même l?article acheté pour des raisons d?organisation. Comment faire pour acheter plusieurs articles ? Si plusieurs articles sont combinées dans une commande, veuillez noter que cette commande peut contenir au maximum 40 articles. 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ebay.fr momox 97.8, Zahlungsarten: Bar, Paypal, APPLE_PAY, Kreditkarte, Visa, Mastercard. Frais d'envoiVersandkostenfrei, Versand zum Fixpreis, [SHT: Economique], 10*** Berlin, [TO: France] (EUR 0.00) Details... |

2023, ISBN: 9782365123891
Sous la direction de: Mauger, Gérard, Sous la direction de: Pelletier, Willy, Editions du Croquant, Broché, Auflage: Enlarged, 352 Seiten, Publiziert: 2023-05-23T00:00:01Z, Produktgruppe:… Plus…
Sous la direction de: Mauger, Gérard, Sous la direction de: Pelletier, Willy, Editions du Croquant, Broché, Auflage: Enlarged, 352 Seiten, Publiziert: 2023-05-23T00:00:01Z, Produktgruppe: Livre, Verkaufsrang: 139365, Politique, Sciences humaines, Thèmes, Livres, Questions de société, Grands thèmes, Actualité, Politique et Société, Format: Grand livre, Editions du Croquant, 2023<
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2023, ISBN: 9782365123891
Sous la direction de: Mauger, Gérard, Sous la direction de: Pelletier, Willy, Editions du Croquant, Broché, Auflage: Enlarged, 352 Seiten, Publiziert: 2023-05-23T00:00:01Z, Produktgruppe:… Plus…
Sous la direction de: Mauger, Gérard, Sous la direction de: Pelletier, Willy, Editions du Croquant, Broché, Auflage: Enlarged, 352 Seiten, Publiziert: 2023-05-23T00:00:01Z, Produktgruppe: Livre, Verkaufsrang: 139365, Politique, Sciences humaines, Thèmes, Livres, Questions de société, Grands thèmes, Actualité, Politique et Société, Format: Grand livre, Editions du Croquant, 2023<
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2022, ISBN: 9782365123891
Ce livre est une version actualisée, augmentée et remaniée, de l’ouvrage publié en 2016 aux éditions du Croquant1. Cette initiative était une conséquence de l’inquiétude suscitée par l’as… Plus…
Ce livre est une version actualisée, augmentée et remaniée, de l’ouvrage publié en 2016 aux éditions du Croquant1. Cette initiative était une conséquence de l’inquiétude suscitée par l’ascension du Front National (FN), non seulement chez les militants et les intellectuels « de gauche », mais aussi chez les chercheurs en sciences sociales. Les résultats des élections présidentielles et législatives de 2022 n’ont fait que la renforcer : d’où cette réédition actualisée et complétée par de nouvelles enquêtes. Mais cette nouvelle version ne vise pas tant (en tout cas pas seulement) à alerter qu’à tenter de rendre compte sociologiquement de l’essor du RN (Rassemblement National) avec la conviction qu’une meilleure connaissance du phénomène peut aider à en déjouer les mécanismes. Une ascension inexorable ? Rompant avec une « neutralité axiologique » souvent revendiquée, mais sans doute plus stratégiquement « opportune » qu’épistémologiquement fondée2, cette inquiétude doit évidemment quelque chose à la progression électorale du FN. Elle peut, en effet, sembler inexorable depuis le début des années 1980. Lors des élections législatives de mai 1981 consécutives à l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le score du FN était encore, en effet, celui d’un groupuscule : 0,18 %. Mais, aux élections régionales de 2015, le FN obtenait 6,8 millions de voix au second tour, soit 30 % des suffrages et arrivait en tête au premier tour dans la moitié des régions et dans plus de la moitié des communes. En 2017, Emmanuel Macron obtenait deux fois plus de votes que Marine Le Pen. En 2022, l’écart s’est réduit à 16% des votants. Au deuxième tour des élections législatives de 2022, le RN obtenait, à la surprise générale, 89 députés, trois fois plus qu’en 1986, un véritable « tsunami » selon Jordan Bardella, alors président par intérim du RN. Il consolidait, en effet, son implantation dans l’ancienne France industrielle du Nord et du Nord-Est et dans la France du Sud-Est jusqu’aux Pyrénées orientales et il étendait son ancrage territorial. Avec ses 89 députés crédités d’une « image rassurante » (56 hommes, 33 femmes, 46 ans en moyenne, 42 titulaires de mandats électifs, 44 cadres et professions intellectuelles supérieures) et deux vice-présidences à l’Assemblée nationale, le RN, qui refuse désormais d’être classé « à l’extrême-droite », accélère sa « normalisation » et consolide sa « respectabilité »3. Un parti d’extrême-droite ? L’inquiétude suscitée par cette ascension est inséparable de l’hystérésis d’une représentation du FN. En mai 1981, son label « d’extrême droite » n’était guère discutable. Le FN de Jean-Marie Le Pen, antisémite, sinon négationniste, raciste et hostile à la démocratie, se recrutait chez d’anciens pétainistes, miliciens retraités, collaborateurs et vétérans de la Légion des Volontaires Français, chez des anciens de l’OAS et leurs sympathisants, chez des catholiques traditionnalistes4. L’inquiétude persistante suppose donc que le RN d’aujourd’hui n’est au fond pas très différent du FN d’hier. Mais cette pérennité de la représentation pose le problème de la « normalisation » du FN. Outre que l’actuelle direction du RN a travaillé à sa « dédiabolisation », les partis de droite « classique » (l’UMP puis LR), en reprenant à leur compte des thèmes de prédilection du FN comme « l’immigration », « l’assistanat » ou « l’insécurité », ont objectivement contribué à leur « banalisation » et, ce faisant, à celle du RN. Par ailleurs, la campagne d’Éric Zemmour pour les élections présidentielles de 2022 a contribué à la « dédiabolisation » du RN en permettant son « recentrage »5. Mais, à l’inverse, les « partis de gouvernement » (du Parti Socialiste - PS - à La République En Marche - LREM), dont « l’épouvantail Le Pen » est devenu l’ultime argument électoral (« faire barrage au RN »), soulignent, non sans quelques arguments, la continuité entre le RN et le groupuscule d’extrême-droite des années 19706. La question du classement politique du RN se pose d’autant plus que l’invention d’un nouveau label politique - le « populisme » - plus proche, selon Annie Collovald, d’une nouvelle « insulte politique » ou d’une « injure polie »7 que d’un concept, permet d’assimiler La France Insoumise (LFI) au RN et de disqualifier LFI par « contagion » (« le danger populiste »). En fait, Daniel Gaxie montre que le programme du RN est caractérisé par ses ambiguïtés, sinon ses incohérences8. Ils constituent autant d’atouts pour un « catch large party » où peuvent se reconnaître à la fois des militants d’extrême-droite (« faute de mieux »), des catholiques traditionnalistes (« pour défendre la famille »), des « rapatriés d’Algérie » (« pour endiguer l’immigration »), des professionnels du maintien de l’ordre (« pour lutter contre la délinquance »), des indépendants de toutes sortes (« contre la fiscalité et les charges ») et diverses fractions des classes populaires (« des fâchés pas fachos », dont on s’efforcera ici d’élucider « les raisons »). Dans cette perspective, il faudrait prolonger l’enquête en analysant le RN comme « un champ » (où s’affrontent diverses tendances), lui-même pris dans un « champ politique » où chaque parti doit se démarquer de ses concurrents pour conquérir « le monopole de l’usage légitime des ressources politiques objectivées (droit, finances publiques, armée, police, justice, etc.) »9. À l’issue des élections de 2022, le RN est l’un des quatre pôles d’un champ politique structuré par quatre blocs à peu près équivalents : en substance et dans l’ordre, celui d’Emmanuel Macron, celui de l’abstention, celui de Marine le Pen et celui de Jean-Luc Mélenchon10. Le RN y apparaît, selon Daniel Gaxie, comme « un parti marginal, reconnu et stigmatisé » ou « un parti marginal ascendant »11. Mais l’abstention reste le premier « parti » de France12, obérant, scrutin après scrutin, la légitimité des élus. En dépit des appels de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale), 67 % des ouvriers et 64 % de ceux dont le revenu mensuel est inférieur à 1250 euros se sont abstenus (IPSOS). La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) cumule 142 députés, ébauchant ainsi la renaissance d’une « gauche de gauche » dans l’espace politique laissé vacant par la décomposition de « la gauche PS-PC », mais sans pour autant reconquérir l’adhésion des classes populaires13 à l’exception des banlieues des grandes villes. Au deuxième tour des élections législatives, la remobilisation espérée des abstentionnistes n’a pas eu lieu, l’abstention - 53,77 % - a même progressé par rapport au premier tour14. Un parti populaire ? Le désarroi provoqué par la progression électorale du RN est également lié aux questions que posent à la fois cette extension de l’abstentionnisme des classes populaires et celle des votes populaires en faveur du RN. Jusqu’à une date récente, l’abstention était restée un phénomène relativement secondaire (autour de 20 % des inscrits) et, de ce fait, peu étudié. En avril 1848, alors que la population était encore pour moitié analphabète, la participation à l’élection de l’Assemblée constituante (au suffrage universel masculin) atteignait 83,6 % des inscrits. Et lors des élections de mai 1936, où le Front populaire l’avait emporté, le taux d’abstention était l’un des plus faibles de toute l’histoire des élections législatives : 15,6 %. De nouveaux records de participation sont atteints au cours des années 1970 où la gauche dispute le pouvoir à la droite : l’élection présidentielle de 1974 où s’affrontent François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing mobilise près de 9 électeurs sur dix (87,3 %) et, lors du second tour des élections législatives de 1978, 84,9 % des électeurs inscrits se rendent aux urnes. Mais, à partir de la deuxième moitié des années 1980, l’abstention s’envole : au deuxième tour des élections législatives de 2007, près de quatre inscrits sur dix s’abstiennent. Aux élections européennes de 2014, on compte 56 % d’abstentions, 50 % aux élections régionales et départementales de 2015, 25 % d’abstentions au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017, 52 % d’abstentions au premier tour des élections législatives de 2017. Ce désintérêt voire cette aversion à l’égard de la vie politique15 revêtent différentes formes : non-inscription, mal inscription, abstention, inégalités croissantes de politisation, votes sans conviction, etc.16 De sorte qu’une « démocratie de l’abstention »17 semble s’être mise en place où c’est l’inégale distribution du vote et de la non-inscription (massivement populaires) qui met en évidence la persistance des clivages de classe18. Comment rendre compte, par ailleurs, de l’essor du vote RN dans les anciens bastions ouvriers du Nord et de l’Est désindustrialisés ou dans « le Midi rouge »Â ? Si nul ne s’étonne de voir un petit commerçant (supposé « naturellement poujadiste ») ou un bourgeois catholique traditionnaliste voter FN, le vote populaire en faveur du RN interpelle à la fois « ceux pour qui le peuple est une cause à défendre »19, ceux qui tendent à « accorder au peuple la connaissance infuse de la politique »20 et, plus encore, sans doute, ceux qui persistent à croire à la vision messianiste de la « classe ouvrière ». Le vote populaire en faveur du RN les confronte à un paradoxe du même genre que celui qu’a étudié Thomas Frank aux États-Unis : Pourquoi les pauvres votent à droite ?21. La déconvenue et la perplexité sont d’autant plus grandes que ce vote populaire en faveur du RN semble valider le point de vue de « ceux pour qui le peuple est un problème à résoudre »22 et consolider le « racisme de classe » de ceux qui assimilent les ressortissants des classes populaires à des « beaufs » machistes et homophobes, racistes et xénophobes, etc.23 La controverse suscitée par le vote populaire en faveur du RN réactive l’alternative classique entre « misérabilisme » et « populisme »24, deux formes de l’ethnocentrisme des classes dominantes25. Seule l’enquête peut dénouer ce genre de controverse en tentant à la fois de cerner l’ampleur, la distribution et l’évolution du vote populaire en faveur du RN, d’en comprendre « les raisons » socialement diversifiées et d’en élucider « les causes », c’est-à-dire de rendre compte de l’ancrage - socialement différencié - de ces diverses « raisons » de voter FN. Objectiver le vote populaire en faveur du RN Mais comment cerner l’ampleur, la distribution et l’évolution du vote populaire en faveur du RN ? Toute tentative de mesure est confrontée à la difficulté d’étudier les rapports entre deux entités mal définies. Dans la mesure, d’une part, où le RN est un « parti attrape-tout », cerner « ce qu’est le RN » au regard de ceux qui votent en sa faveur - « un conglomérat » plutôt qu’un « électorat »26 - est un objet d’enquête. La question renvoie ainsi à l’inventaire des « raisons » de voter RN. Dans la mesure, d’autre part, où « le populaire » n’est plus ce qu’il était encore dans les années 1970, délimiter les contours des classes populaires dans la société française contemporaine rencontre également de nombreuses difficultés27. « La classe ouvrière » a subi une véritable éclipse consécutive à la fois à la désindustrialisation massive, à l’affaiblissement intellectuel et politique du marxisme, à l’effondrement du socialisme « réellement existant », à la débâcle électorale du PCF (« le parti de la classe ouvrière ») et au déclin de la CGT28. Mais si la vision d’un espace social divisé en classes antagonistes s’est progressivement défaite, on peut, néanmoins, mettre en évidence des critères qui justifient le regroupement des ouvriers et des employées au sein des « classes populaires ». Ce label démarque le groupe ainsi constitué des autres groupes sociaux : petitesse du statut professionnel ou social, étroitesse des ressources économiques, éloignement par rapport au capital culturel29.  Certes, ces classes populaires ne sont pas ce que la classe ouvrière n’a jamais été ailleurs que dans l’imagination des intellectuels. Mais, ouvriers et employées (il s’agit de femmes pour 80 % de l’effectif) représentent plus de la moitié de la population active. Relativement cohérentes, ces classes populaires sont néanmoins traversées par de nombreux clivages à commencer par celui entre « established » et « outsiders »30 que creusent l’effritement de la condition salariale, l’extension du chômage de masse, de la précarisation et de l’insécurité sociale qui en résultent31. Force est alors de supposer que les différentes composantes des classes populaires n’ont ni les mêmes raisons de s’abstenir, ni les mêmes représentations du RN, ni les mêmes raisons de voter en sa faveur. Ainsi peut-on comprendre le caractère rudimentaire de données statistiques fondées sur la distinction entre « CSP + » et « CSP - » ou, dans le meilleur des cas, celle entre ouvriers et employées, pour tenter d’objectiver le vote populaire en faveur du RN. En l’état des données disponibles, Patrick Lehingue avait montré en 2016, que, même si les votes d’ouvriers et employées représentaient plus de la moitié des suffrages obtenus par le FN, ce vote FN ne concernait qu’un ouvrier sur sept et que c’était l’abstention - et de très loin - qui était alors le « premier parti ouvrier »32. Outre le progrès spectaculaire du RN aux élections présidentielles, les élections de 2022 montrent que le vote populaire exprimé en faveur du RN se situe entre un peu moins d’un tiers et un peu plus d’un quart des votants de la catégorie et mettent en évidence un ancrage du RN dans les fractions les plus démunies (scolairement et économiquement) des classes populaires33. Quant aux « raisons » de voter RN dans les classes populaires (sans grande compétence ni intérêt politique), on peut supposer que le RN est parvenu à inculquer, outre l’hostilité à des partis politiques interchangeables (« l’UMPS »), une vision du monde qui oppose les « nationaux » aux « étrangers ». Ce clivage « ethno-racial » occulte ainsi les divisions internes au groupe national (la lutte de classes) et fait de « l’immigration » la source de tous les maux (le chômage, la délinquance, le terrorisme) et des immigrés, de « mauvais pauvres » associés à la délinquance et à l’assistance. « Ce que voter RN veut dire » Pour tenter de cerner plus précisément « ce que voter RN veut dire » dans les classes populaires, il faut rompre d’abord avec la convention du sens commun savant qui voudrait qu, CROQUANT<

2022, ISBN: 9782365123891
Ce livre est une version actualisée, augmentée et remaniée, de l’ouvrage publié en 2016 aux éditions du Croquant1. Cette initiative était une conséquence de l’inquiétude suscitée par l’as… Plus…
Ce livre est une version actualisée, augmentée et remaniée, de l’ouvrage publié en 2016 aux éditions du Croquant1. Cette initiative était une conséquence de l’inquiétude suscitée par l’ascension du Front National (FN), non seulement chez les militants et les intellectuels « de gauche », mais aussi chez les chercheurs en sciences sociales. Les résultats des élections présidentielles et législatives de 2022 n’ont fait que la renforcer : d’où cette réédition actualisée et complétée par de nouvelles enquêtes. Mais cette nouvelle version ne vise pas tant (en tout cas pas seulement) à alerter qu’à tenter de rendre compte sociologiquement de l’essor du RN (Rassemblement National) avec la conviction qu’une meilleure connaissance du phénomène peut aider à en déjouer les mécanismes. Une ascension inexorable ? Rompant avec une « neutralité axiologique » souvent revendiquée, mais sans doute plus stratégiquement « opportune » qu’épistémologiquement fondée2, cette inquiétude doit évidemment quelque chose à la progression électorale du FN. Elle peut, en effet, sembler inexorable depuis le début des années 1980. Lors des élections législatives de mai 1981 consécutives à l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le score du FN était encore, en effet, celui d’un groupuscule : 0,18 %. Mais, aux élections régionales de 2015, le FN obtenait 6,8 millions de voix au second tour, soit 30 % des suffrages et arrivait en tête au premier tour dans la moitié des régions et dans plus de la moitié des communes. En 2017, Emmanuel Macron obtenait deux fois plus de votes que Marine Le Pen. En 2022, l’écart s’est réduit à 16% des votants. Au deuxième tour des élections législatives de 2022, le RN obtenait, à la surprise générale, 89 députés, trois fois plus qu’en 1986, un véritable « tsunami » selon Jordan Bardella, alors président par intérim du RN. Il consolidait, en effet, son implantation dans l’ancienne France industrielle du Nord et du Nord-Est et dans la France du Sud-Est jusqu’aux Pyrénées orientales et il étendait son ancrage territorial. Avec ses 89 députés crédités d’une « image rassurante » (56 hommes, 33 femmes, 46 ans en moyenne, 42 titulaires de mandats électifs, 44 cadres et professions intellectuelles supérieures) et deux vice-présidences à l’Assemblée nationale, le RN, qui refuse désormais d’être classé « à l’extrême-droite », accélère sa « normalisation » et consolide sa « respectabilité »3. Un parti d’extrême-droite ? L’inquiétude suscitée par cette ascension est inséparable de l’hystérésis d’une représentation du FN. En mai 1981, son label « d’extrême droite » n’était guère discutable. Le FN de Jean-Marie Le Pen, antisémite, sinon négationniste, raciste et hostile à la démocratie, se recrutait chez d’anciens pétainistes, miliciens retraités, collaborateurs et vétérans de la Légion des Volontaires Français, chez des anciens de l’OAS et leurs sympathisants, chez des catholiques traditionnalistes4. L’inquiétude persistante suppose donc que le RN d’aujourd’hui n’est au fond pas très différent du FN d’hier. Mais cette pérennité de la représentation pose le problème de la « normalisation » du FN. Outre que l’actuelle direction du RN a travaillé à sa « dédiabolisation », les partis de droite « classique » (l’UMP puis LR), en reprenant à leur compte des thèmes de prédilection du FN comme « l’immigration », « l’assistanat » ou « l’insécurité », ont objectivement contribué à leur « banalisation » et, ce faisant, à celle du RN. Par ailleurs, la campagne d’Éric Zemmour pour les élections présidentielles de 2022 a contribué à la « dédiabolisation » du RN en permettant son « recentrage »5. Mais, à l’inverse, les « partis de gouvernement » (du Parti Socialiste - PS - à La République En Marche - LREM), dont « l’épouvantail Le Pen » est devenu l’ultime argument électoral (« faire barrage au RN »), soulignent, non sans quelques arguments, la continuité entre le RN et le groupuscule d’extrême-droite des années 19706. La question du classement politique du RN se pose d’autant plus que l’invention d’un nouveau label politique - le « populisme » - plus proche, selon Annie Collovald, d’une nouvelle « insulte politique » ou d’une « injure polie »7 que d’un concept, permet d’assimiler La France Insoumise (LFI) au RN et de disqualifier LFI par « contagion » (« le danger populiste »). En fait, Daniel Gaxie montre que le programme du RN est caractérisé par ses ambiguïtés, sinon ses incohérences8. Ils constituent autant d’atouts pour un « catch large party » où peuvent se reconnaître à la fois des militants d’extrême-droite (« faute de mieux »), des catholiques traditionnalistes (« pour défendre la famille »), des « rapatriés d’Algérie » (« pour endiguer l’immigration »), des professionnels du maintien de l’ordre (« pour lutter contre la délinquance »), des indépendants de toutes sortes (« contre la fiscalité et les charges ») et diverses fractions des classes populaires (« des fâchés pas fachos », dont on s’efforcera ici d’élucider « les raisons »). Dans cette perspective, il faudrait prolonger l’enquête en analysant le RN comme « un champ » (où s’affrontent diverses tendances), lui-même pris dans un « champ politique » où chaque parti doit se démarquer de ses concurrents pour conquérir « le monopole de l’usage légitime des ressources politiques objectivées (droit, finances publiques, armée, police, justice, etc.) »9. À l’issue des élections de 2022, le RN est l’un des quatre pôles d’un champ politique structuré par quatre blocs à peu près équivalents : en substance et dans l’ordre, celui d’Emmanuel Macron, celui de l’abstention, celui de Marine le Pen et celui de Jean-Luc Mélenchon10. Le RN y apparaît, selon Daniel Gaxie, comme « un parti marginal, reconnu et stigmatisé » ou « un parti marginal ascendant »11. Mais l’abstention reste le premier « parti » de France12, obérant, scrutin après scrutin, la légitimité des élus. En dépit des appels de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale), 67 % des ouvriers et 64 % de ceux dont le revenu mensuel est inférieur à 1250 euros se sont abstenus (IPSOS). La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) cumule 142 députés, ébauchant ainsi la renaissance d’une « gauche de gauche » dans l’espace politique laissé vacant par la décomposition de « la gauche PS-PC », mais sans pour autant reconquérir l’adhésion des classes populaires13 à l’exception des banlieues des grandes villes. Au deuxième tour des élections législatives, la remobilisation espérée des abstentionnistes n’a pas eu lieu, l’abstention - 53,77 % - a même progressé par rapport au premier tour14. Un parti populaire ? Le désarroi provoqué par la progression électorale du RN est également lié aux questions que posent à la fois cette extension de l’abstentionnisme des classes populaires et celle des votes populaires en faveur du RN. Jusqu’à une date récente, l’abstention était restée un phénomène relativement secondaire (autour de 20 % des inscrits) et, de ce fait, peu étudié. En avril 1848, alors que la population était encore pour moitié analphabète, la participation à l’élection de l’Assemblée constituante (au suffrage universel masculin) atteignait 83,6 % des inscrits. Et lors des élections de mai 1936, où le Front populaire l’avait emporté, le taux d’abstention était l’un des plus faibles de toute l’histoire des élections législatives : 15,6 %. De nouveaux records de participation sont atteints au cours des années 1970 où la gauche dispute le pouvoir à la droite : l’élection présidentielle de 1974 où s’affrontent François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing mobilise près de 9 électeurs sur dix (87,3 %) et, lors du second tour des élections législatives de 1978, 84,9 % des électeurs inscrits se rendent aux urnes. Mais, à partir de la deuxième moitié des années 1980, l’abstention s’envole : au deuxième tour des élections législatives de 2007, près de quatre inscrits sur dix s’abstiennent. Aux élections européennes de 2014, on compte 56 % d’abstentions, 50 % aux élections régionales et départementales de 2015, 25 % d’abstentions au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017, 52 % d’abstentions au premier tour des élections législatives de 2017. Ce désintérêt voire cette aversion à l’égard de la vie politique15 revêtent différentes formes : non-inscription, mal inscription, abstention, inégalités croissantes de politisation, votes sans conviction, etc.16 De sorte qu’une « démocratie de l’abstention »17 semble s’être mise en place où c’est l’inégale distribution du vote et de la non-inscription (massivement populaires) qui met en évidence la persistance des clivages de classe18. Comment rendre compte, par ailleurs, de l’essor du vote RN dans les anciens bastions ouvriers du Nord et de l’Est désindustrialisés ou dans « le Midi rouge »Â ? Si nul ne s’étonne de voir un petit commerçant (supposé « naturellement poujadiste ») ou un bourgeois catholique traditionnaliste voter FN, le vote populaire en faveur du RN interpelle à la fois « ceux pour qui le peuple est une cause à défendre »19, ceux qui tendent à « accorder au peuple la connaissance infuse de la politique »20 et, plus encore, sans doute, ceux qui persistent à croire à la vision messianiste de la « classe ouvrière ». Le vote populaire en faveur du RN les confronte à un paradoxe du même genre que celui qu’a étudié Thomas Frank aux États-Unis : Pourquoi les pauvres votent à droite ?21. La déconvenue et la perplexité sont d’autant plus grandes que ce vote populaire en faveur du RN semble valider le point de vue de « ceux pour qui le peuple est un problème à résoudre »22 et consolider le « racisme de classe » de ceux qui assimilent les ressortissants des classes populaires à des « beaufs » machistes et homophobes, racistes et xénophobes, etc.23 La controverse suscitée par le vote populaire en faveur du RN réactive l’alternative classique entre « misérabilisme » et « populisme »24, deux formes de l’ethnocentrisme des classes dominantes25. Seule l’enquête peut dénouer ce genre de controverse en tentant à la fois de cerner l’ampleur, la distribution et l’évolution du vote populaire en faveur du RN, d’en comprendre « les raisons » socialement diversifiées et d’en élucider « les causes », c’est-à-dire de rendre compte de l’ancrage - socialement différencié - de ces diverses « raisons » de voter FN. Objectiver le vote populaire en faveur du RN Mais comment cerner l’ampleur, la distribution et l’évolution du vote populaire en faveur du RN ? Toute tentative de mesure est confrontée à la difficulté d’étudier les rapports entre deux entités mal définies. Dans la mesure, d’une part, où le RN est un « parti attrape-tout », cerner « ce qu’est le RN » au regard de ceux qui votent en sa faveur - « un conglomérat » plutôt qu’un « électorat »26 - est un objet d’enquête. La question renvoie ainsi à l’inventaire des « raisons » de voter RN. Dans la mesure, d’autre part, où « le populaire » n’est plus ce qu’il était encore dans les années 1970, délimiter les contours des classes populaires dans la société française contemporaine rencontre également de nombreuses difficultés27. « La classe ouvrière » a subi une véritable éclipse consécutive à la fois à la désindustrialisation massive, à l’affaiblissement intellectuel et politique du marxisme, à l’effondrement du socialisme « réellement existant », à la débâcle électorale du PCF (« le parti de la classe ouvrière ») et au déclin de la CGT28. Mais si la vision d’un espace social divisé en classes antagonistes s’est progressivement défaite, on peut, néanmoins, mettre en évidence des critères qui justifient le regroupement des ouvriers et des employées au sein des « classes populaires ». Ce label démarque le groupe ainsi constitué des autres groupes sociaux : petitesse du statut professionnel ou social, étroitesse des ressources économiques, éloignement par rapport au capital culturel29.  Certes, ces classes populaires ne sont pas ce que la classe ouvrière n’a jamais été ailleurs que dans l’imagination des intellectuels. Mais, ouvriers et employées (il s’agit de femmes pour 80 % de l’effectif) représentent plus de la moitié de la population active. Relativement cohérentes, ces classes populaires sont néanmoins traversées par de nombreux clivages à commencer par celui entre « established » et « outsiders »30 que creusent l’effritement de la condition salariale, l’extension du chômage de masse, de la précarisation et de l’insécurité sociale qui en résultent31. Force est alors de supposer que les différentes composantes des classes populaires n’ont ni les mêmes raisons de s’abstenir, ni les mêmes représentations du RN, ni les mêmes raisons de voter en sa faveur. Ainsi peut-on comprendre le caractère rudimentaire de données statistiques fondées sur la distinction entre « CSP + » et « CSP - » ou, dans le meilleur des cas, celle entre ouvriers et employées, pour tenter d’objectiver le vote populaire en faveur du RN. En l’état des données disponibles, Patrick Lehingue avait montré en 2016, que, même si les votes d’ouvriers et employées représentaient plus de la moitié des suffrages obtenus par le FN, ce vote FN ne concernait qu’un ouvrier sur sept et que c’était l’abstention - et de très loin - qui était alors le « premier parti ouvrier »32. Outre le progrès spectaculaire du RN aux élections présidentielles, les élections de 2022 montrent que le vote populaire exprimé en faveur du RN se situe entre un peu moins d’un tiers et un peu plus d’un quart des votants de la catégorie et mettent en évidence un ancrage du RN dans les fractions les plus démunies (scolairement et économiquement) des classes populaires33. Quant aux « raisons » de voter RN dans les classes populaires (sans grande compétence ni intérêt politique), on peut supposer que le RN est parvenu à inculquer, outre l’hostilité à des partis politiques interchangeables (« l’UMPS »), une vision du monde qui oppose les « nationaux » aux « étrangers ». Ce clivage « ethno-racial » occulte ainsi les divisions internes au groupe national (la lutte de classes) et fait de « l’immigration » la source de tous les maux (le chômage, la délinquance, le terrorisme) et des immigrés, de « mauvais pauvres » associés à la délinquance et à l’assistance. « Ce que voter RN veut dire » Pour tenter de cerner plus précisément « ce que voter RN veut dire » dans les classes populaires, il faut rompre d’abord avec la convention du sens commun savant, CROQUANT<

ISBN: 9782365123891
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