2010, ISBN: 9782035836854

On nous présente souvent la vieillesse comme un problème médical ou économique. Pourtant, il s´agit de bien autre chose : une étape dans l´histoire individuelle d´une femme, d´un homme, d… Plus…

On nous présente souvent la vieillesse comme un problème médical ou économique. Pourtant, il s´agit de bien autre chose : une étape dans l´histoire individuelle d´une femme, d´un homme, dans son projet de faire sens jusqu´au dernier de ses jours. Pourquoi distinguer les «seniors», qui ont droit à la parole et sont l´objet de sollicitations multiples, et les «vieux» relégués dans des résidences où l´on ne les voit plus, où l´on ne les entend plus ? Que cherchons-nous ainsi à nous cacher ? Entre Cicéron et Simone de Beauvoir, entre éloge de la vieillesse et crainte du naufrage, il est temps de retrouver les valeurs attachées à ce moment de l´existence. Et de se réapproprier, jusqu´au bout, le cours de sa propre vie. Véronique Le Ru est philosophe et enseigne à l´université de Reims. Elle a publié plusieurs livres dont Voltaire newtonien (Vuibert, collection Inflexions, 2005) et Subversives Lumières (Éditions du CNRS, 2007). Collection Philosopher sous la direction de Vincent Cespedes L´ambition de cette nouvelle collection est de promouvoir la philosophie, conçue non comme une histoire des idées, mais comme une réflexion vivante, anticonformiste et engagée, à la portée du plus grand nombre. Extrait du livre : Il nous faut commencer par défaire les promesses d´un ouvrage sur la vieillesse. Il ne s´agit pas ici d´un manuel pour bien réussir sa vieillesse. Il ne s´agit pas non plus de dévoiler l´essence de la vieillesse. Disons-le d´emblée, de ce qu´est la vieillesse, nous ne savons rien. Et cette déclaration n´est pas à prendre pour une coquetterie de philosophe qui prétendrait seulement savoir ne rien savoir. Non, cette ignorance n´est pas docte, elle est réelle, elle nous inquiète et nous interroge. Sans être ni gérontologue, ni gériatre, ni sociologue, ni démographe, nous sommes pourtant intéressés par la question de la vieillesse parce qu´elle nous concerne tous. À l´instant d´écrire ceci, de lire cela, à l´instant où notre coeur bat, nous vieillissons tous. La vie n´étant qu´une lente oxydation, chaque fois que nous respirons, nous vieillissons et avançons vers la mort, chaque fois que nous inspirons, nous expirons... Se demander ce qu´est la vieillesse, reprendre la question que posait Simone de Beauvoir en 1970, à 62 ans, et s´apercevoir que son texte n´a guère pris de rides, si ce n´est une ride lexicale et conjoncturelle : en effet, Beauvoir, quand elle publie la Vieillesse, a encore trois ans devant elle avant de passer dans la catégorie des vieillards, mot qu´elle utilise sans scrupules pour désigner les personnes de plus de 65 ans. Aujourd´hui, nous sommes beaucoup plus précautionneux vis-à-vis du vocabulaire et l´âge des personnes qu´on dit à présent «âgées» a reculé : en un siècle, on a gagné quarante ans d´espérance de vie et, en moins de quarante ans, dix à vingt ans. Du coup, le vocabulaire a changé : on maquille de litotes comme «seniors», ou de mots prétendument neutres comme «personnes âgées», la montée en nombre sinon en puissance d´un «groupe social» : en 2010, en France, 12 millions de personnes auront plus de 60 ans, soit environ 1/5 ou 20 % de la population. Mais les mots sont trompeurs et d´autant plus trompeurs qu´ils touchent à ce qui tend, socialement, à devenir un tabou. Peut-on imaginer aujourd´hui une femme ou un homme politique parler des conditions d´hébergement ou des résidences des vieillards ? Non, désormais, on prend des gants. Extrait du préambule Véronique Le Ru (Auteur) - Paru le 02/04/2008 chez Larousse Livre > Essai, Véronique Le Ru (Auteur)<

ISBN: 9782035836854

Véronique Le Ru (Auteur) - Paru le 02/04/2008 chez Larousse Essai broché Les Indifinissables